Orient Occident

Qui ne se souvient pas du célèbre roman de Margaret Mitchell « Autant en emporte le vent » porté à l’écran en 1939. Esthétiquement admirable, cette œuvre relate, sur fond de guerre de Sécession, l’écroulement d’un mode vie et des « valeurs » prônées par un Sud blanc, raciste et esclavagiste.

Traducido del francés para Rebelión por Beatriz Morales Bastos y Caty R.


El movimiento de protesta (llamado «Euromaidán») que ha vivido recientemente Ucrania es interesante por varias razones. Demuestra cómo con apoyo extranjero y sin intervención militar se puede fomentar con éxito un golpe de Estado civil contra un gobierno elegido democráticamente. Desvela la flagrante parcialidad y la falta de integridad de los medios de comunicación dominantes occidentales que con argumentos falaces apoyan ciegamente el intervencionismo occidental y que con una visión maniquea de la situación califican a unos de buenos y a los otros de malos. Lo que es aún más grave, esboza los hasta entonces vaporosos contornos del renacimiento de la Guerra Fría que se creía enterrada con la caída del Muro de Berlín. Finalmente, nos ofrece una proyección probable de la situación de los países «primaverizados» en la medida en que Ucrania conoció su «primavera» en 2004, primavera denominada en general «revolución naranja».

Pero para comprender la situación actual de Ucrania es primordial revisar algunas fechas importantes y los nombres de los principales actores de la política ucraniana tras la era soviética:

 

L'autre jour, je me suis présenté tôt le matin au CLSC [1] de mon quartier, à l’Est de Montréal, pour des analyses médicales. Malgré l'heure matinale, il y avait un monde fou et le temps d'attente était très long. Armé de patience, j’attendis mon tour. Mon numéro fut finalement appelé et je me suis présenté au guichet, bien content de constater que j’avais survécu à cette longue et ennuyeuse attente. La mine renfrognée et l'air désabusé par une retraite qui tardait probablement à venir, une dame d'un certain âge officiait derrière le guichet. Elle lut les renseignements inscrits sur ma carte de maladie, puis me regarda. Je dirais plutôt qu'elle me dévisagea.

« Est-ce que vous parlez français? », me dit-elle avec un air de Jacques Cartier [2] qui venait de tomber nez-à-nez avec le premier autochtone du coin.

Je dois reconnaître, à sa décharge, que je suis loin d’avoir les traits d’un Suédois, que je ne suis pas blond et que la couleur de mes yeux ne rappelle en rien l’azur des mers. Bien au contraire, mes cheveux sont frisés, mon teint est basané et, comme tout Arabe qui se respecte, une moustache barre mon visage.

Mais qu’allais-je donc lui répondre?

Qu’elle était la nième personne à me poser cette sempiternelle question? Que j’ai étudié dans cette langue de la petite école à l’université? Que j’ai été nourri de littérature française? Que mes thèses universitaires ont été écrites dans cette langue? Que je suis auteur d’ouvrages pédagogiques utilisés au Québec et écrits dans la langue de Molière? Que j’enseigne en français aux jeunes Québécois depuis presque vingt ans? Que j’écris régulièrement dans les journaux et les sites d’expression française? Que je me considère  comme un auteur d’expression française? Que sa question aurait été grammaticalement plus belle si elle avait utilisé l’inversion du sujet?

Lui ferais-je remarquer qu’elle n’avait posé cette question à aucune personne avant moi alors qu’à Montréal on rencontre souvent des personnes au faciès « occidental » mais qui ne peuvent construire une phrase correcte en français? Que ce n’est pas parce qu’on a les cheveux frisés qu’on ne parle pas français?

Aurait-elle posé cette question à mon fils qui est né à Montréal et qui, par hérédité, a hérité de mes traits? Et allait-on continuellement poser cette même question à sa descendance si elle décide de vivre au Québec?

Avec tout cet achalandage matinal, aurais-je le temps de lui raconter l’anecdote du grammairien, académicien, poète, écrivain et homme politique sénégalais Léopold Sédar Senghor lors d’une réception mondaine à Paris?

Invité par son ami Georges Pompidou, alors président de la France, Senghor était la seule personne de couleur de la somptueuse réception. Alors qu’il sirotait une coupe de vin, une dame de la haute société s’approcha de lui et, pensant qu’il ne parlait pas français, lui dit :

« Bon vin, bon vin? »

Il lui sourit en hochant de la tête. Quelques minutes plus tard, Pompidou annonça à ses convives qu’il allait profiter de la présence de son grand ami Léopold pour lui demander de prononcer un discours. Senghor pris la parole et émerveilla l’assistance par son phrasé, ses mots ciselés, ses envolées lyriques, la richesse de son vocabulaire, bref, sa maîtrise de la langue française. Après avoir été chaudement applaudi, il chercha des yeux la dame qui lui avait naguère adressé la parole, se dirigea vers elle et lui dit :

« Bon discours, bon discours? »

 

Léopold Sédar SENGHOR entre à l'Académie Française

(29 mars 1984)

Cliquez sur l'image pour visionner la vidéo



« Est-ce que vous parlez français? », me répéta la guichetière, excédée par mon hésitation.

Me remémorant l’interminable polémique des accommodements raisonnables [3] et, maintenant, celle de la Charte de je-ne-sais-trop-quoi [4], je finis par lui répondre:

« Oui, madame, je parle français ».

 

Ahmed Bensaada

Enseignant et auteur (en français, bien sûr!)

 


 

 


Notes

  1. CLSC : Au Québec, clinique médicale du secteur public.
  2. Jacques Cartier: explorateur français à qui on attribue la découverte du Canada.
  3. Polémique des accommodations raisonnables: controverses soulevées au Québec au milieu des années 2000 concernant les pratiques d'accommodement reliées aux différences culturelles.
  4. Charte des valeurs québécoises : projet de loi très controversé visant à établir des valeurs faisant consensus au Québec.

 


Cet article a été publié par le quotidien algérien Reporters, le 30 septembre 2013 (p.16)

Lire l'article en format "Journal" sur Calaméo


 

Monsieur Charly Abdou,

Je vous écris ces quelques lignes pour vous faire savoir que je suis fâché.

En réalité, ce n’est pas moi qui vous écris car je n’ai pas eu la chance d’aller à l’école. Mon père a travaillé toute sa vie comme émigré en France et un jour il est revenu dans un cercueil. J’étais jeune et on m’avait dit qu’un homme qui n’aime pas les Arabes avait mis le feu au foyer d’émigrés où il vivait. Pourtant, il a travaillé très fort pour construire votre pays. Il a construit des routes, des bâtiments et il a fait tous les boulots que les Français ne voulaient pas faire pour ne pas se salir.

Tous les articles

Orient/Occident