Orient Occident

Qui ne se souvient pas du célèbre roman de Margaret Mitchell « Autant en emporte le vent » porté à l’écran en 1939. Esthétiquement admirable, cette œuvre relate, sur fond de guerre de Sécession, l’écroulement d’un mode vie et des « valeurs » prônées par un Sud blanc, raciste et esclavagiste.

Le recrutement de Djemila Benhabib par le Parti Québécois (PQ) ainsi que son parachutage à Trois-Rivières posent visiblement un problème de casting. La motivation du parti souverainiste est facilement compréhensible : profiter de la surmédiatisation de la candidate d’origine algérienne auteure de deux brûlots anti-islamistes pour la faire élire dans ce « comté baromètre ». Mais ce parti n’a apparemment pas bien évalué le risque de déterrer les vieux démons des accommodements raisonnables et d’ouvrir la boîte de pandore du vivre-ensemble au Québec.

Ainsi, comme la seule « compétence » communément reconnue à Mme Benhabib réside dans sa capacité à disserter sur les dangers d’une invasion islamiste dans toutes les sphères de la société québécoise, il fallait s’attendre à ce que le débat entourant sa candidature soit essentiellement centré sur les questions (ô combien sensibles) de la religion.

À l'occasion du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie, voici une chronologie des principales dates qui ont ponctué l'histoire sanglante de la colonisation française de notre pays: de son invasion en 1830 à son indépendance en 1962.


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À la prétendue "oeuvre civilisatrice" de la France, nous répondons: "Vive l'Algérie et gloire à nos valeureux martyrs! "

(Cette chronologie a été présentée le 4 juillet 2012 au Consulat général d'Algérie à Montréal, à l'occasion de la cérémonie de commémoration du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie)


 

« À te garder aucun profit, à te supprimer aucune perte »

Slogan Khmer rouge

 

Plus de trois décennies après la chute du régime sanguinaire de Pol Pot, quatre hauts cadres Khmers rouges sont actuellement jugés pour leurs responsabilités dans le génocide cambodgien. En 3 ans, huit mois et 20 jours, c'est-à-dire 1361 jours, ce régime a décimé approximativement 1,7 millions de personnes, soit  près de 21% de la population cambodgienne [1]. Parmi eux, des milliers de musulmans Chams.

 

 

 

Ça y est, c’est fait! Le Qatar organisera le mondial de football 2022. La joie et l'allégresse ont submergé l’émirat, les rutilantes mais non moins bruyantes voitures ont envahi la corniche de Doha et la télévision qatari passe en boucle les mémorables moments du Cheikh Hamad Bin Khalifa Al-Thani, émir du Qatar et de son épouse, Cheikha Mozah Bint Nasser Al-Misned, soulevant le trophée de la coupe du monde, lors de la cérémonie à  Zurich, au pays des Helvètes. Tout un peuple est aux anges, le bonheur à son paroxysme…

 

Scène de joie au Qatar


Mais c’était sans compter la vague de réactions virulentes émanant de certains pays occidentaux qui ont réagi d’une manière si épidermique que leur bonne foi en devenait suspecte.

À tout seigneur, tout honneur, commençons par M. Obama qui, dans sa stature de président et sa carrure de Prix Nobel de la Paix, a fait une déclaration témoignant d’une si faible envergure. « Je pense que c'était une mauvaise décision » a-t-il commenté [1] . Il est vrai qu’il n’avait pas encore digéré le fait que son pays n'ait pas obtenu l’organisation des Jeux Olympiques de 2016, mais ne pas être fair-play de la sorte quand on est aussi auréolé relève d’un évident complexe de supériorité dont il est difficile de se défaire surtout lorsqu’on est à la tête du pays le plus puissant de la Terre.

La position du président américain a été défendue par le Washington Post qui explique que « la décision d'accorder le Mondial 2022 au Qatar – un État désertique plus petit que le Connecticut avec de faibles liens au football et une chaleur oppressante en été – n'a pas grand sens » [2] .

Il faut quand même se rendre à l’évidence : M. Obama est un piètre défenseur des dossiers sportifs et ce n’est certainement pas le Qatar qui en est la cause.

Ensuite, il y a eu les journaux européens qui ont manié le verbe comme on manie la faux. Dans le cas du journal suisse « Le Temps », il s’agissait plutôt de la traditionnelle arbalète tant les attaques étaient acerbes et incisives. On peut en effet lire, dans son éditorial du vendredi 3 décembre, au titre éloquent « Le sport planétaire se moque de la planète » que le Qatar est un état « minuscule » qui « ne possède aucune culture ou tradition footballistique ». Et d’ajouter que le Qatar « va dépenser des milliards afin de construire…douze monuments d’aberration fermés et climatisés, en raison de la température (50 °C) qui règne en juin-juillet » [3], pour finalement prédire un impact environnemental conséquent à cause de la climatisation. L’éditorialiste n'a pas manqué de mentionner que le Mondial sud-africain avait rejeté 2,8 millions de tonnes de CO2 dans l’atmosphère et que cela risquait d’être pire au Qatar. Ce journaliste doit probablement ignorer, qu’à elles seules, les vaches vivant sur le sol helvète [4] rejettent annuellement, par le biais de leurs émissions gazeuses, une quantité environ trois fois plus grande d’équivalent-CO2 [5] que celle d’un pays comme le Mali!

La presse néerlandaise, par l’intermédiaire de l’éditorialiste du quotidien AD (Algemeen Dagblad), a renchérit sur le même thème en affirmant qu’en choisissant le Qatar « la FIFA a opté pour une attaque contre l'environnement ». Quand on sait que les Pays-Bas, à eux seuls, émettent beaucoup plus de CO2 que la totalité des pays du Sahel [5], de l’Atlantique à la Mer Rouge, on se demande pourquoi les Bataves semblent si préoccupés par l’environnement quand il s’agit du Qatar. Ils devraient sérieusement penser à modifier leurs comportements de surconsommateurs, cela serait plus salutaire pour l’environnement que la climatisation de 12 stades lors de la soixantaine de matchs du Mondial. Qu’on se le dise, en termes de pollution et d’impact sur le réchauffement de la planète, les Helvètes, les Bataves et les Occidentaux n’ont absolument aucune leçon à donner au reste du monde. Un léger changement de leur train de vie, de leur opulence et de leur gaspillage sauverait certainement la planète.

Il faut aussi noter que ces journalistes ont volontairement omis de rapporter des éléments importants dans le dossier qatari. Ils ont évité, par exemple, de mentionner que le système de climatisation, qui utilisera l’énergie solaire, sera un des plus « écologiques » du monde et que certaines installations seront démontées après le Mondial pour être offertes à des pays pauvres, non dotées d’infrastructures de ce type. Le secrétaire général de la Fédération internationale de football (FIFA), Jérôme Valcke, a tenu à préciser à ce sujet que « le Qatar va mettre en oeuvre tout ce qui sera nécessaire pour que rien n'aille au détriment ni des joueurs ni de personne » [6].

 

Vidéo Qatar 2022

 

Quant à la critique concernant la « culture footballistique », elle dénote de la méconnaissance occidentale du monde arabe et de sa passion pour le football. Il est quand même étonnant d’entendre les Étasuniens prétendre avoir une culture footballistique, eux pour qui le baseball, le hockey ou le basket sont les sports-roi.

 

Écoutez les explications sur la climatisation des stades et ce que dit Bruno Metsu sur la popularité du football au Qatar

Les attaques contre le Qatar ont franchi le cap des critiques plus ou moins « acceptables » avec des déclarations telles que celles de l’Oeuvre suisse d’entraide ouvrière (OSEO), qui s’est dite « indignée et scandalisée » par le choix du Qatar, en soulignant la discrimination envers les femmes qui ne bénéficient d’« aucune protection contre la violence domestique » dans ce pays [7].

Nous revoilà donc à l'essence même de cette animosité. Après l’interdiction des minarets dans la Confédération Helvétique et la féroce campagne islamophobe approuvée par une majorité de Suisses, il fallait s’attendre à cette vision biaisée des choses. La banalisation de la xénophobie et du racisme dans le pays de Guillaume Tell, mentionnée dès 2006 par le rapporteur spécial de l’ONU sur le racisme [8], atteint des sommets vertigineux.

 

Quelques exemples d'affiches islamophobes de l'UDC.

D'autres sont visibles sur ce site

 

De l'avis de ces « bien-pensants », certains pays n’ont pas le droit d’organiser de manifestations sportives mondiales pour des motifs aussi bizarres que la superficie de leur territoire, de la température qu’il y fait, ou de la vision qu’ont d’eux les Occidentaux. Il ne reste plus qu’à demander à la Suisse de nous dresser une liste de pays « admissibles » à l’organisation de telles manifestations. Il faudra cependant qu’elle puisse répondre à la question suivante: un pays raciste, xénophobe, imbu de lui-même et qui interdit les minarets dans tout son territoire a-t-il le droit d’organiser un Mondial?

Rappelons à cette occasion que le Qatar, malgré sa petite taille (comme on a coutume de le lui reprocher) a une réelle expérience dans l’organisation des « grands » événements sportifs: Coupe du monde des moins de 20 ans (1995), 15e Jeux asiatiques (2006), Grand prix MotoGP (depuis 1994), Tournoi de Tennis ATP (depuis 1990) et, bientôt, la Coupe d’Asie des nations de football et les Jeux panarabes (2011).

Ces attaques virulentes ne sont pas sans rappeler ce qu’avait subi la Chine avant l’organisation des Jeux Olympiques de la part de ces mêmes pays occidentaux. L’histoire nous a montré que ces Jeux Olympiques ont ébahi le monde. Il n’y a aucun doute que le Mondial 2022 suivra cet exemple et restera dans les annales de la FIFA comme la plus belle compétition jamais organisée.

Et vous, Bataves et Helvètes de ce monde, vous serez les bienvenus. Faites cependant attention car, bien que très petit, cet émirat possède un très grand nombre de minarets. Une telle concentration risquerait de vous traumatiser. Quant à nous, amoureux du ballon rond, nous sommes fiers du Qatar et nous le félicitons pour cet exploit.

D'autant plus que nous aimons entendre la voix du muezzin…

 


Références

1. Julien Lamotte, Eurosport : http://www.sport.fr/football/coupe-du-monde-2022-obama-desapprouve-le-choix-du-qatar-203465.shtm/

2. LeMonde.fr : http://www.lemonde.fr/sport/article/2010/12/03/coupe-du-monde-les-choix-de-la-fifa-dans-le-viseur-de-la-presse-internationale_1448378_3242.html

3. Fred Hirzel, LeTemps.ch: http://www.letemps.ch/Page/Uuid/33aa6fca-fe5d-11df-83d9-55e75714d428/Le_sport_plan%C3%A9taire_se_moque_de_la_plan%C3%A8te

4. Rapport agricole suisse 2010: http://www.blw.admin.ch/dokumentation/00018/00498/index.html?lang=fr

5. Division Statistique des Nations Unies : http://mdgs.un.org/unsd/mdg/SeriesDetail.aspx?srid=749&crid=

6. LeMonde.fr : http://www.lemonde.fr/sport/article/2010/12/06/la-fifa-assume-une-decision-politique-pour-la-coupe-du-monde-en-russie-et-au-qatar_1449779_3242.html#xtor=RSS-3208

7. Simon Meier, LeTemps.ch: http://www.letemps.ch/Page/Uuid/8e4d44e4-fe5c-11df-83d9-55e75714d428/La_Russie_et_le_Qatar_d%C3%A9crochent_la_lune

8. Valérie de Graffenried, Le Temps : http://www.cran.ch/04_PageCentrale/01_DocumentsReferences/1ere_Observation_de_DoudouDiene.pdf

 


Cet article a été publié le 9 décembre 2010 dans les colonnes du journal "Le Quotidien d'Oran"


Une version « allégée » et légèrement actualisée de cet article  a été publiée le 29 décembre 2010 dans le journal égyptien Al Ahram Hebdo:


Autres informations:

 

  • Sepp Blatter attribue les réactions des médias occidentaux à "un peu de l'arrogance de l'Occident et de ses racines chrétiennes"

Lire: Coupe du monde : Blatter répond aux attaques des Anglais

 


 

 

 

Je ne suis pas nécessairement un fervent adepte de la théorie du complot, mais je dois avouer qu’il y a quelque chose qui me dérange dans ce monumental déballage  d’informations supposées être secrètes par le site Wikileaks. Un vrai scénario dans la pure tradition hollywoodienne. D'ailleurs, il n’est pas impossible que cette histoire soit bientôt adaptée à l’écran.

D’abord, il y a le « héros »

Le coupable présumé de cette fuite massive d’informations est un jeune féru d’informatique qui a fait sauter tous les verrous sécuritaires de la diplomatie américaine et qui nous offre sur un plateau 251 287 documents de la plus haute importance par l’intermédiaire de CD de Lady Gaga [1,2]. Et pour donner une touche mélodramatique, on nous apprend que le jeune en question est homosexuel, incompris et rejeté pas son entourage, qu’il est frustré de la société en plus d’être issu d’une famille monoparentale. Tout un personnage.

Ensuite, il y a la forme

Inaccessible pour le commun des mortels depuis la première mise en ligne de ces nouveaux documents, Wikileaks fait affaire avec cinq journaux. On peut lire dans « Le Monde » du 29 novembre 2010 : « Ces publications s’effectuent en collaboration avec les rédactions du New York Times (États-Unis), du Guardian (Grande-Bretagne), d’El Pais (Espagne), du Spiegel (Allemagne) et du Monde pour la France, dont les journalistes ont commencé à analyser et synthétiser les informations contenues dans ces câbles, en fonction de leur importance » [3] .

Mais pourquoi seuls cinq journaux « occidentaux » sont impliqués dans ce déballage? Le Monde nous explique que « En octobre, nous (i.e. Le Monde) avons rejoint trois journaux, le New York Times, le quotidien britannique The Guardian et l'allemand Der Spiegel, déjà partenaires de Wikileaks dans la diffusion d'une première vague de documents militaires américains sur l'Afghanistan, en juillet, pour pouvoir analyser par nous-mêmes une nouvelle masse de documents du Pentagone livrés à Wikileaks, cette fois sur l'Irak, et offrir aux lecteurs francophones notre propre expertise » [4]. Mais alors pourquoi Wikileaks ne fait pas affaire avec des médias arabes, chinois, brésiliens ou indiens? Serait-ce pour leur absence d’intégrité ou leur manque de compétence?

On nous apprend aussi que les cinq journaux ont travaillé sur les mêmes documents bruts et que le « New York Times (qui est en première ligne), a informé les autorités américaines des télégrammes qu'il comptait utiliser, leur proposant de lui soumettre les préoccupations qu'elles pourraient avoir en termes de sécurité ». Des documents secrets qui sont supposés discréditer l’administration américaine seraient soumis à l’approbation des mêmes autorités américaines. Comprenez-vous quelque chose? J’avoue que j'ai quelques difficultés.  Ou alors, il est vrai que Wikileaks s’embourgeoise comme le remarque le site « Kitetoa », spécialisé dans les libertés individuelles et la sécurité informatique [5].

Il est clair que pour l'administration américaine, la publication de ces documents par Wikileaks est « illégale » [6]. D’où vient alors sa légalité lorsque ces mêmes informations sont publiées par les cinq journaux? Est-ce parce que la publication a reçu la bénédiction des autorités américaines? Dans ce cas-là, il y a de sérieuses questions à se poser au sujet de l’indépendance de la presse et de sa liberté d’expression. Cela va même à l’encontre de l’esprit frondeur et libertaire qui est le fondement de Wikileaks.

D'autre part, les cinq journaux, qui ont mobilisé pas moins de cent-vingt journalistes pour la tâche, ont soigneusement retiré tous les noms et indices pouvant identifier les personnes. Les télégrammes publiés sont classés « secrets », « confidentiels » ou « non classifiés ». Aucun d’entre eux n’est classé « Top Secret » [7]. Est-ce de la censure ou de l'autocensure? Peut-on parler de médias « embedded » même s’ils ne sont pas physiquement sur un quelconque front?

Finalement, il y a le fond

Les informations divulguées par les médias « embedded » ont une portée différente selon les personnes ou les situations dont elles traitent. Intéressons-nous tout d'abord aux « grands » de ce monde. Sarkozy est « susceptible et autoritaire », Berlusconi « incapable et inefficace », Merkel « évite de prendre de risques et manque souvent d'imagination », Poutine et Medvedev sont qualifiés de « Batman et Robin » [8]. Même si les adjectifs sont quelque peu irrévérencieux, il n’y a pas de quoi fouetter un chat. On est à des années-lumière de ce qui se publie régulièrement dans les journaux des propres pays de ces leaders. La preuve de la bénignité de ces qualificatifs est qu’aucun de ces dirigeants ne s’est offusqué des paroles, bien au contraire. Ils ont assuré les américains de leur soutien et ont fustigé Wikileaks [9]. D’un autre côté, Chavez est traité de « fou »,  Karzai d’ « extrêmement faible » et Erdogan d’« islamiste assoiffé de pouvoir, certes pragmatique mais sans vision » qui « hait tout simplement Israël » [8, 10].

Un planisphère interactif parsemé de points blancs indiquant les pays cités dans les documents secrets a été publié par le Guardian [11]. La concentration de points blancs indique clairement que les lumières ont été focalisées sur le Moyen-Orient et la région du Golfe.

Ainsi, de l’avis de tous les observateurs, ce sont les relations de l’Iran avec ses voisins arabes qui sont la cible principale de ces premières divulgations. Publier les propos incendiaires contre l’Iran émanant du roi d’Arabie Saoudite, du roi du Bahreïn, du ministre émirati des Affaires étrangères, du premier ministre qatari, du prince héritier d’Abou Dhabi et du président égyptien [12] ne peut être considéré comme un acte innocent, dicté par un simple devoir journalistique et dénué de toute arrière-pensée politique. Y ajouter des informations sur la relation Iran-Hezbollah [13] et de l'acquisition de l'Iran auprès de la Corée du Nord  de « missiles de technologie avancée lui permettant d'atteindre l'Europe occidentale » [14] et le battage médiatique est consommé.

Par contre, il est étonnant de ne rien lire sur les dirigeants israéliens, par exemple. Sont-ils considérés comme des Américains, donc non sujets à des critiques ou, alors, l’information a été bloquée par certains filtres? Et qu'en est-il du massacre de Gaza, du pilonnage du Liban, du raid meurtrier contre la flottille de la paix ou de l'assassinat de Rafik Hariri? Le mutisme des diplomates américains à ce sujet est très éloquent, c’est le moins qu’on puisse dire.

Ne nous avait-on pas pourtant promis 251 287 documents? À moins qu’ils ne parlent tous du même sujet.


Références

  1. http://www.lejdd.fr/International/Actualite/Bradley-Manning-portrait-de-celui-qui-pourrait-etre-l-informateur-de-WikiLeaks-237379/
  2. http://www.wired.com/threatlevel/2010/06/wikileaks-chat/
  3. http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2010/11/29/boussole-wikileaks-sy-retrouver/#xtor=RSS-3208
  4. http://www.lemonde.fr/international/article/2010/11/28/pourquoi-le-monde-publie-les-documents-wikileaks_1446074_3210.html
  5. http://www.kitetoa.com/Pages/Textes/Textes/Textes12/20101129-wikileaks-cablegate-wikileaks-s-embourgeoise.shtml
  6. http://www.abc24.com/news/national/story/U-S-WikiLeaks-release-illegal-endangers-countless/ZZGu_pWVB0-tcK_JtT9rKA.cspx
  7. http://www.20minutes.fr/article/630231/monde-wikileaks-diplomatie-americaine-tres-embarrassee-
  8. http://www.lemonde.fr/documents-wikileaks/article/2010/11/29/les-revelations-de-wikileaks-en-quelques-phrases-cles_1446279_1446239.html
  9. http://www.lemonde.fr/international/article/2010/11/30/wikileaks-sarkozy-parle-du-dernier-degre-d-irresponsabilite_1446990_3210.html#ens_id=1446739&xtor=RSS-3208
  10. http://www.lemonde.fr/documents-wikileaks/article/2010/11/30/wikileaks-erdogan-juge-autoritaire-et-sans-vision_1446797_1446239.html#ens_id=1446075&xtor=RSS-3208
  11. http://www.guardian.co.uk/world/interactive/2010/nov/28/us-embassy-cables-wikileaks
  12. http://iran.blog.lemonde.fr/2010/11/29/wikileaks-la-peur-arabe-de-liran/#xtor=RSS-3208
  13. http://www.lemonde.fr/international/article/2010/11/29/teheran-a-utilise-des-ambulances-pour-passer-des-armes-au-hezbollah_1446273_3210.html#xtor=RSS-3208
  14. http://fr.reuters.com/article/idFRPAE6AR0J120101128

 


 

Cet article a été publié le 2 décembre 2010 dans les colonnes du journal "Le Quotidien d'Oran"

Il a aussi été publié sur les sites suivants:

 



J’avais décidé de ne pas mettre les pieds dans le pays de l’oncle Sam tant que Bush fils était au pouvoir. Non pas que je trouve la politique étrangère d’Obama différente de celle de son prédécesseur [1], mais disons que je préfère son discours du Caire, malgré son évidente démagogie, à tous les dégâts provoqués par les deux mandats du président-prédicateur qui a, bien malgré lui, popularisé le lancer de chaussures.

Ainsi, je me suis récemment retrouvé en train de flâner dans les rues de Manhattan, jouant du coude dans certains endroits pour me frayer un chemin au milieu d’une foule dense, bariolée et cosmopolite. Comme il se doit lors d’une visite de la « Big Apple », je me rendis, entre chien et loup, à Times Square. Situé entre la 42e rue et Broadway, cet endroit couru par tous propose un condensé de tout ce que les États-Unis peuvent produire comme stimuli pour les yeux. Écrans géants, enseignes lumineuses, films interactifs et j’en passe. De toute part, on est assailli par une publicité tapageuse, aguichante et intrusive. Entre l’extravagante boutique M&M’s, le surprenant écran qui photographie la foule, l’annonce du remake du « dîner de cons » et de celle d’une multitude de produits de consommation, il y avait vraiment de quoi avoir le tournis. Mais c’est en levant la tête que ma surprise fut la plus grande. Là-haut, entre une affiche de « Levis’s » et de « Guess », juste au-dessus d’une autre vantant les mérites du « Canada Dry », un visage accrocha mon regard. De profil, la barbe courte et grisonnante, l’air ténébreux, les pattes-d’oie bien marquées, le personnage trônait au milieu de vulgaires objets, symboles d’un mercantilisme exacerbé.

Je ne pouvais pas me tromper, il s’agissait bien du président iranien Ahmadinejad. Mais que faisait-il en cet endroit insolite? Servait-il de top-modèle pour une marque quelconque? Était-ce une annonce pour une prochaine  visite officielle? La lecture du message accompagnant l’effigie du président iranien ne laissait aucun doute : il s’agissait d’un message politique et non commercial ou de bienvenue. Bien au contraire, on pouvait lire, en grandes lettres, sur fond rouge: « He’s not welcome here » (Il n’est pas bienvenu ici). Aucune mention de son nom, ni de sa fonction sur cette affiche géante.

 

 

 

De plus, le message insinuait que les passants avaient leur rôle à jouer dans l’opposition à la venue d’Ahmadinejad en terre étasunienne. Information prise, il s’avère qu’il s’agissait d’une affiche faisant partie d’une campagne, lancée en mai dernier, qui visait à obliger les hôtels new-yorkais de refuser l’hébergement au président iranien lors de son passage à New York pour participer à la conférence de l’ONU sur la non-prolifération nucléaire. Cette campagne n’est pas terminée puisqu’elle s’échine, actuellement, à contraindre le Hilton Manhattan East à ne pas héberger Ahmadinejad et ses collaborateurs durant son séjour en septembre prochain en vue de sa participation à l’Assemblée générale de l’ONU. Sachant que 365 000 personnes par jour passent en moyenne par Times Square, cette publicité a  sûrement un impact non négligeable sur l’opinion publique. Bien en vue sur l’affiche, la campagne anti-Ahmadinejad est signée par un organisme nommé UANI, « United Against Nuclear Iran » (Unis contre le nucléaire iranien) [2]. Une visite sur leur site Web se révéla très instructive sur les personnalités qui tirent les ficelles de cet organisme.

 

Ahmadinejad à Times Square
(Cliquez sur l'image pour visionner la vidéo)

 

UANI a été fondé en 2008 par Dennis Ross, Richard Holbrooke, Mark Wallace et James Woolsey pour servir de lobby afin d’influencer la politique américaine à mener contre l’Iran [3].  Les deux premières personnes ne font plus partie d’UANI car elles ont été nommées par l’administration Obama à des postes clés. Tout d’abord, le 23 février 2009, Dennis Ross a obtenu le poste de Conseiller Spécial pour le Golfe et l'Asie du Sud-ouest (incluant l’Iran) auprès de la Secrétaire d'État Hillary Clinton [4].  Le 25 juin suivant, il quitta le Département d’État pour se joindre à l’équipe de la Maison Blanche chargée de la Sécurité Nationale et occuper le poste d’assistant spécial du président Obama et de directeur senior pour le Moyen-Orient, le Golfe Persique, l’Afghanistan, le Pakistan et l’Asie du Sud [5].  Ross, qui a soutenu l’invasion de l’Irak, est un membre influant du lobby juif américain (AIPAC). Supporter inconditionnel de l’État hébreu, il est surnommé l’avocat d’Israël. Concernant l’Iran, il a toujours été en faveur d’une ligne dure. Il est, entre autres, coauteur d’un rapport préparé avec un groupe de travail présidentiel intitulé « Strengthening the Partnership : How to Deepen U.S.-Israel Cooperation on the Iranian Nuclear Challenge » (Renforcer le partenariat : comment approfondir la coopération entre les États-Unis et Israël sur le défi nucléaire iranien). C’est probablement pour le remercier de son appui auprès de la communauté juive américaine lors de la campagne présidentielle de 2008 qu’Obama le nomma à ce poste [6].

D’autre part, le 22 janvier 2009, Richard Holbrooke a été officiellement nommé envoyé spécial pour l'Afghanistan et le Pakistan par Barack Obama [7]. Ambassadeur des États-Unis auprès des Nations Unies de 1999 à 2001, il est partisan de la fermeté envers l’Iran. Il a d'ailleurs fait partie du groupe de travail présidentiel, avec Dennis Ross, qui a rédigé le rapport cité précédemment.

En plus des deux fondateurs, un autre membre d’UANI a été promu à un poste d’importance. Il s’agit de Gary Samore qui, depuis janvier 2009, est assistant du président Obama et Coordinateur de la Maison Blanche pour le contrôle des armes de destruction massive, leur prolifération et  le terrorisme. De 2001 à 2005, il a été directeur d’études à l’« International Institute for Strategic Studies » (IISS). C’est cet institut qui, en 2002, « estimait que le régime de Bagdad n'était pas en mesure de développer rapidement l'arme nucléaire mais que ses capacités en matière d'armement chimique et biologique demeuraient ». Le 9 septembre 2002, Gary Samore déclarait à CNN qu’ « il vaut mieux agir militairement contre l'Irak tant que ses capacités sont encore éloignées de ses objectifs que d'attendre qu'il soit doté de l'arme nucléaire » [8].

Ce n’est pas tout. Des 17 membres du comité consultatif d’UANI, la plupart sont des proches de Bush junior ou du lobby juif américain. Ainsi le président d’UANI, Mark D. Wallace a été un élément actif dans la campagne électorale 2004 de George W. Bush. Un autre membre, Alan Solow, est chairman de la Conférence des présidents des principales organisations juives américaines. Il est, entre autres, président du « Jewish Community Centers Association », vice-président de la « World Confederation of Jewish Community Centers » et  directeur de la « Jewish Community Centers of Metropolitan Chicago ». Frances Fragos Townsend a été l’assistante de George W. Bush pour la sécurité et l’antiterrorisme et présida le « Security council » de mai 2004 à janvier 2008.

Il serait fastidieux d’énumérer en détails les fonctions des autres personnalités d’UANI. Il est cependant important de noter qu’environ la moitié des membres restants ont servi de manière directe ou indirecte dans l’administration Bush fils.

Il est clair qu’UANI est un nid de « faucons » anti-iraniens qui ont déjà fait leur preuve lors du règne de George W. Bush et qui ont été les artisans de l’invasion de l’Irak en usant d’arguments fallacieux. Le plus inquiétant, actuellement, vient du fait que, dans le dossier iranien, le président Obama s’est entouré des plus belliqueux d’entre eux.

Va-t-on assister à un autre épisode de la guerre du Golfe? L’Iran subira-t-il le même sort que l’Irak? Les installations nucléaires iraniennes seront-elles bombardées par Israël, comme ce fut le cas pour l’Irak, sous l’aile protectrice des États-Unis et de l’AIPAC? J’ose croire que les bourbiers irakien et afghan sauront les décourager.

Mais pourquoi diable ai-je levé la tête à Times Square? N’aurais-je pas dû me contenter de l’extravagante boutique M&M’s et du surprenant écran qui photographie la foule?

 

Cliquez ici pour effectuer une visite virtuelle de Times Square

 


 

Références

  1. Ahmed Bensaada. (Page consultée le 9 août 2010). Mais qui est donc Barack Hussein Obama ?, [En Ligne]. Adresse URL: http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5114229

  2. UANI. (Page consultée le 10 août 2010). United Against Nuclear Iran, [En Ligne]. Adresse URL:  http://www.unitedagainstnucleariran.com/

  3. International Accounting Bulletin. (Page consultée le 10 août 2010). KPMG departure sends out a key message: UANI, [En Ligne]. Adresse URL: http://www.vrl-financial-news.com/accounting/intl-accounting-bulletin/issues/iab-2010/iab-464-465/iran-exodus-politics-strikes/kpmg-departure-sends-out-a-key.aspx?page=14779

  4. U.S.  Department of State (Page consultée le 9 août 2010). Appointment of Dennis Ross as Special Advisor for The Gulf and Southwest Asia, [En Ligne]. Adresse URL: http://www.state.gov/r/pa/prs/ps/2009/02/119495.htm

  5. The Washington Post. (Page consultée le 11 août 2010). Dennis Ross Is Moved From State Department Post to White House, [En Ligne]. Adresse URL: http://voices.washingtonpost.com/44/2009/06/15/dennis_ross_is_moved_from_stat.html

  6. Bakchich Info. (Page consultée le 10 août 2010). Obama voit la vie en Ross, [En Ligne]. Adresse URL: http://www.bakchich.info/Obama-voit-la-vie-en-Ross,08599.html

  7. U.S.  Department of State (Page consultée le 9 août 2010). Biography of Richard C. Holbrooke, [En Ligne]. Adresse URL: http://www.state.gov/r/pa/ei/biog/129337.htm

  8. IRIS. (Page consultée le 11 août 2010). Armes irakiennes : l'embarras des spécialistes du désarmement, [En Ligne]. Adresse URL: http://www.iris-france.org/Citations-2003-07-17.php3



 

Cet article a été publié le 15 août 2010 dans les colonnes du journal "Le Quotidien d'Oran"

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Membres d'UANI ayant des fonctions dans l'administration Obama.

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Ambassador Richard C. Holbrooke Ambassador Dennis Ross

Ancien membre du comité consultatif d'UANI

Gary Samore

 

Photos et informations: UANI.com

 

 


 

Édifiant: Fouad Ajami (voir photo plus haut) décrit les raisons réelles de la guerre d'Irak:

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